Albert Einstein a dit un jour que la définition de la folie s’était de refaire la même chose encore et encore en s’attendant à un résultat différent. David se rendait à l’hôpital toutes les semaines, perdait du temps et l’argent dans des rendez-vous qui était tout bonnement inutile. Une seule rencontre cette Institut Xavier avait remis en question des mois de thérapie. Ses médicaments n’étaient pas d’une inanité complète. Ils apaisaient bel et bien les voix qui sans régiraient son esprit. Néanmoins, s’asseoir quatre vingt dix minutes lui semblait si creux maintenant. Il avait l’impression que tout allait exploser. Ses nuits furent horribles depuis qu’il avait retrouvé son père. Non, ce n’était pas son père, le problème était là. Voilà pourquoi, David était pris de crise de panique soudaine qui le réveillait soudainement. Ce Charles Xavier n’était pas celui qui l’avait pris dans ses bras, celui qui lui avait dit qu’il l’adorait, non, ce n’était qu’un double, sympathique, mais pas le vrai, pas celui dont il avait besoin. Le mutant se rendit donc à l’hôpital, sans rendez-vous, le jeune homme n’apprenait jamais de ses leçons. Cependant, il était prêt à tout pour obtenir un changement de traitement. David avait besoin de quelque chose de plus fort car actuellement il avait tout simplement l’impression qu’il allait exploser.

Le mutant arriva devant la salle habituelle. Il passa sa tête à travers la porte cherchant son psychiatre. Bien entendu, le professionnel de santé n’était pas présent. Ses bras commencèrent à gesticuler dans tous les sens et les lampes du couloir s’éclatèrent à cause de sa frustration.

« Je peux pas pêter un plomb, je peux pas péter un plomb... »

Il en répéta cette phrase, encore et encore. David devait se calmer. Il prit une grande inspiration, le jeune ne pouvait se permettre de perdre le contrôle de ses émotions. Cet hôpital voire cette ville ne ferait pas long feu. Il pouvait attendre le médecin ? Ou alors demander de l’aide à une employée de l’hôpital ? Oui, voilà une bonne idée ! Surtout que non loin, dans le même couloir, se trouvait une jeune rousse habillée en tenue d’infirmière. Ses jambes effacèrent la distance qui existaient entre eux pour entamer une discussion avec la demoiselle.

« Bonjour, vous travaillez ici pas vrai ? J’ai vraiment, vraiment, vraiment, vraiment besoin de voir le Docteur Johnson. Est-ce que vous savez s’il sera là dans pas longtemps ? Ou mieux ! Vous pouvez le contacter ? Lui dire que David Haller est là ! Je ne suis pas dans le meilleur des états actuellement… »

« Quoi !? Non ! Vous êtes sûre qu’il ne peut pas venir ? Ça lui prendra quoi quelques minutes à peine ? »

Qu’est-ce que David pouvait être égoïste. Enfermé dans sa souffrance, il ne faisait plus attention à celle des autres. Bien entendu que le pauvre docteur Johnson ne pouvait pas se déplacer, la gentille infirmière venait de lui dire qu’il était mal-en-point. Le mutant avait juste peur. Il avait besoin d’un nouveau traitement, quelque chose de plus fort, là maintenant ! Les morceaux de verre qu’il écrabouillait le prouvait bien. David était bien trop instable pour ce monde. Cette ville ne devait pas exploser, surtout qu’à l’heure actuelle, ils étaient tout coincés entre ces remparts. Qu’est-ce son père ainsi que son non-père penseraient s’ils le voyaient ainsi ? Le jeune homme devait se ressaisir, mais c’était si difficile…

« Mais non ! La discussion ça sert à rien ! Il me faut du concret ! Des médocs ! Quelque chose de fort ! »

Son ton fut bien plus véhément qu’il ne l’avait espéré. Il le regretta instantanément, sa tête se baissant de contrition. Elle ne voulait que l’aider. Elle perdrait son temps pour venir en aide à un cas désespéré comme David et pourtant le jeune homme n’avait pas su prendre cette main tendue. Qu’il pouvait être bête par moment !

« Amy… »

Ce nom fut comme un électrochoc. Amy… Comme sa sœur, celle qui malgré les difficultés avaient toujours tenté de lui venir en aide. Celle qui était morte uniquement car il tenait à elle à en crever. Son cœur devenait lourd alors que tant de souvenirs venaient frapper son cerveau. Les deux femmes ne se ressemblaient pas. Sa sœur était une brune et certainement plus âgée que la demoiselle en face de lui actuellement. Toutefois, dans son attitude, elle lui rappelait tant la personne avec qui il avait grandi… Une femme au grand cœur.

« Je suis désolé. Je ne voulais pas être brusque… Est-ce que votre offre tient toujours ? »

Probablement pas. Pourquoi désirait-elle aider une personne aussi pénible que David ? Toutefois, le mutant se devait d’essayer. C’est que Amy… SA Amy voudrait. Qu’il ne perde pas espoir et tente tous les moyens possibles pour aller mieux. Même d’entrer dans des discussions qui aux premiers abords semblent inutiles.

« Merci. »

Un simple mot qui ne pouvait probablement pas exprimer sa gratitude. Ce n’était pas tant pour la discussion que pour le geste en lui-même. Cette jeune femme lui offrait une seconde chance. Alors même qu’il avait merdé et avait causé des destructions matérielles dans cet hôpital. Ils ne se connaissaient pas, mais cette Amy lui permettait de se rattraper. Comme la sienne en soi… Ces « amies » de la Division Deux ne lui avait jamais octroyé un tel présent. Le jetant dehors dès la première erreur (cela dit, quelle erreur gigantesque). Il se dirigea dans la salle, laissant la demoiselle installée les chaises ? Un manque de galanterie et de politesse qu’on excusera par sa faiblesse mentale actuelle. Il s’assit, ne sachant pas trop comment commencer la conversation, il laissa l’infirmière l’entamer. En voilà une question qui avait bien trop de réponse pour n’en choisir qu’une.

« Eh bien, c’est pas facile à expliquer sans avoir toutes les bases. Hum… Sachez juste qu’on dit souvent aux gens comme moi qu’ils sont fous pour que finalement il ne soit que des personnes avec des pouvoirs. Moi je suis fou avec des pouvoirs. »

David tenta d’expliquer ces prémices le plus simplement possibles. Il se souvint du discours de Mélanie, de Syd qui avait implanté tant d’espoir dans ce cerveau malade. Le mutant avait bel et bien sa place en asile psychiatrique ? Aujourd’hui, il a fait le plus important, c’est-à-dire, l’accepter.

« Toutefois, récemment, je suis parti à la recherche de mon père et à la place j’ai trouvé quelqu’un d’autre. Je crois qu’on appelle ce genre de personne des variants ? Bref, c’est homme est gentil, très, il me soutient et par moment c’est terrible car j’ai l’impression que c’est mon père, sauf qu’il ne l’est pas et ça, c’est quelque chose que j’ai dû mal à avaler. C’est pour cela que j’ai besoin d’un traitement plus fort. Des comprimés qui m’empêcheront d’exploser à la simple pensée de mon paternel. »

Toutes cette histoire de multivers ce n’était pas pour David. Il avait déjà joué avec le temps et faillit ainsi détruire son monde, alors si vous rajoutez d’autres terres dans l’équation ! Pourtant, voilà son quotidien aujourd’hui, le voilà qui mettait sur les épaules d’un pauvre homme qui n’avait rien demandé le poids d’années d’absence de relations parents-enfants. Ce Charles Xavier ne méritait pas cela mais David en avait terriblement besoin. Donc, les comprimés serviront de compromis pour arranger leurs problèmes.

Une oreille attentive, David doutait que cela pourrait lui être utile. Une bonne dose de médicament débilitant ferait bien plus effet. Malheureusement, son psychiatre était malade. La maladie avait décidé de s’attaquer au Docteur Johnson la pire semaine qui soit. Le mutant ne pouvait que compter sur la gentillesse d’une infirmière. Se plaindre serait bien trop contre-productif bien que David était expert en jérémiades. Et puis, je sais que cela peut surprendre, mais le télépathe savait être poli. Et donc devant une personne qui tentait de lui rendre service, il ne pouvait être médisant ou déplaisant. Alors, il serait coopératif. Ce genre d’exercice, il avait pratiqué une bonne centaine de fois peut-être ? Il savait parfaitement, ce qu’il devait dire et comment répondre à ces questions.

« Oh ! On m’a diagnostiqué schizophrène et puis on m’a dit que c’était juste mes pouvoirs et puis on m’a reconfirmé que j’étais schizophrène. »

Au fil des années, plusieurs diagnostiques furent posés pour catégoriser l’état mental de David. Le plus dévastateur ? Celui qui le désigna comme une personne saine d’esprit. Il y avait cru, s’était même enhardi dans cette croyance, mais non, il ne l’était pas. Le pire que puisse faire une personne atteinte de ce genre trouble est de refuser de la vérité. Il devait l’accepter et recevoir l’aide adéquate. Même si cela signifiait rester les fesses clouées sur un tabouret tout sauf confortable pendant plusieurs heures. Il se repositionna d’ailleurs, car vraiment, la position assise était plus que déplaisante sur ces sièges !

« Eh bien… on n’a pas vraiment eu le temps de faire connaissance… Il m’a abandonné lorsque je n’étais qu’un bébé. Longue histoire mais, un type a été dans ma tête pendant près de trente ans. Autre longue histoire mais, je suis retourné dans le temps pour rencontrer mon père et on va dire qu’il a bien fait une action qui m’a déçu… »

David resta vague. Il valait mieux éviter de dire à la jeune femme qu’elle était cette action ou plutôt son absence. Son père avait décidé d’épargner l’homme qui avait pourri sa vie, la raison pour laquelle ils avaient dû être séparés, celui qui avait tué sa sœur ! Car Charles Xavier est le meilleur d’entre nous. Plus intelligent et moins émotif. Son fils n’était pas ainsi. Bien plus revanchard, encore par moment lors de certaine nuit, il rêvait de la mort du Shadow King. Et bien qu’il avait accepté la décision de son père, un ressentiment ne pouvait être retenu. Ahmal Farouk aurait dû mourir cette fameuse journée. Après tout ce qu’il avait fait n’était-ce pas mérité ?

« Des fois, je me demande vraiment si je suis son fils. Si seulement vous pouviez le voir ! Il altruiste, juste, raisonné, même son variant est parfait ! Et moi ? Ben… Je suis le type qui pète un plomb à l’hôpital… Les réparations de ma pagaille dans le couloir vont coûter une fortune ! »

Tout d’un coup, ça le frappa. Les ampoules éclatées dans le couloir… Il allait devoir payer pour leur remplacement. Il pouvait toujours tenter de les remplacer à l’aide de ses pouvoirs, cependant, David n’était pas certain qu’il était assez stable mentalement pour tenter une telle folie. Le mutant pourrait aggraver les choses et faire exploser une fenêtre ! Ou quelqu’un…

« Je suis un mutant de classe Omega, je crois, c’est ce qu’ils disaient. On va dire que je suis un télépathe et télékinésiste… qui a un contrôle sur la réalité mais ne prenez pas peur ! »

Le pire étant que David ne s’était pas trop étalé. Un listing détaillé de ses pouvoirs seraient bien plus long et presque prétentieux. Il avait partagé avec l’infirmière le plus important et il craignait qu’elle parte en courant. Une telle réaction serait tout à fait adaptée. Cette pauvre jeune femme était assise d’un homme qui de toute évidence était « fou » et qui pouvait au moindre pet de travers, changer la réalité comme elle la connaissait. Il espérait ne pas la faire fuir. David devrait sans doute sonder l’esprit de son interlocutrice et ainsi tater le terrain, voir s’il ne l’avait pas définitivement effrayé. Il se le refusa. Ce n’était pas éthique ! Les pensées venaient de leur propre chef, dans son esprit, en particulier lorsque David était fatigué. Le mutant se faisait donc souffrance pour empêcher ces foutues pensées d’élire domicile dans son crâne et permettre à cette gentille infirmière de garder un minimum d’intimité.

« Merci. »

Un simple mot plus que sincère. Rares étaient ceux qui avait prononcé ce genre de parole en son égard. La plupart du temps, on disait à David qu’il ne pouvait pas craquer, qu’il n’en avait pas le droit, que c’était bien trop dangereux. A la première saute d’humeur, le mutant risquait de détruire tout une civilisation. Alors, il se devait de garder son calme. Tout le temps, ce qu’il n’arrivait pas car son esprit ne fonctionnait pas de cette façon. Cette injonction ne faisait que le frustrer davantage car il échouait toujours à la suivre. Alors, entendre quelqu’un lui dire qu’il avait le droit que ses réactions étaient tous simplement humaines lui faisait un bien fou.

« Vous êtes sûr que je ne devrais pas m’inquiéter. Avec mon traitement, je n’ai vraiment pas les moyens de faire réparer ces vitres. »

Ses sautes d’humeurs pouvaient véritablement lui causer des problèmes. Il n’imaginait même pas la fortune qu’il allait devoir dépenser. Il n’avait pas les moyens. Charles, peut-être, après tout, le télépathe vivait dans un immense manoir et subventionnait à lui tout seul toute une école. Les fonds, il les a dans son portefeuille intarissable. Cependant, David se refusait de demander une quelconque aide financière au Professeur. Il était déjà assez dépendant de lui émotionnellement, il n’allait pas lui rajouter supplémentaire. Tout se passera bien. Il avait lu dans un magazine qu’un être-humain pouvait vivre plusieurs semaines sans nourriture. Il n’en aurait pas besoin le mois prochain.