You died the day I was born. feat Gwen Stacy

Il n’était pas comme le reste des habitants coincés dans cet endroit. Cette ville ne lui avait pas ôté sa liberté, non, grâce à elle, il avait retrouvé. Il pouvait de nouveau se balader librement dans les rues de New-York. Ce n’étaient pas celles qu’Harry Osborn avait pu connaitre durant son enfance. A chacun de leurs recoins se cachaient un secret que le PDG se devait de découvrir. Alors il s’aventure dans des lieux qu’un jeune homme portant des costumes verts aussi luxueux devrait certainement éviter. Il devait connaitre son nouveau terrain de jeu. Démêler le dédale qu’était cette jungle de béton. S’y acclimater, pour ainsi favoriser l’exécution des plans qu’il pouvait bien avoir pour elle.

Le Bouffon Vert comprend l’intérêt de l’histoire. Oh, ce n’est pas le devoir de mémoire qui l’intéresse. Non, c’est la manipulation qu’il peut exercer sur les vivants grâce à des évènements historiques. Lorsque son regard se posa sur ce monument commémoratif du courage de ces hommes, il n’est nullement ému par leur acte. Le jeune homme ne pensa qu’à la façon dont il pourrait utiliser ses sacrifices. En instrumentalisant leurs morts par exemple pour manipuler les foules, toucher leur beau sentiment de patriotisme en leur rappelant les pertes qui ont dû avoir lieu pour que ce beau pays vienne au monde. Harry n’en aura peut-être jamais besoin, mais le Bouffon Vert est quelqu’un de minutieux qui se prépare pour toutes éventualités. Il lit donc une dizaine de nom qui se trouvait sur le monument et les retint tout. Car on ne sait jamais lorsque cela pourrait être utile.

Au moment où il décolla ses yeux de la stèle, son regard croisa un autre plus que familier. Tant d’émotions le prirent d’assaut, pourtant, le PDG n’autorisa que celle de la surprise à se dessiner sur son visage. Oui, il était étonné, jamais, au grand jamais, il n’aurait cru un jour recroiser cette tête blonde. Cependant, alors que son cerveau traitait l’information à toute vitesse, un autre sentiment le prit de court. Il lui fallut garder un calme olympien pour ne pas le faire transparaitre à son interlocutrice : de la colère. Comment Gwen Stacy pouvait-elle être encore en vie ? Elle était morte, il s’en était assuré et avait pris beaucoup de plaisir à lui offrir son dernier souffle. Sa plus grande fierté sur cette Terre est celle d’être la personne qui a pris à Peter Parker son seul espoir de bonheur. C’est ce qui fait étendre ses lèvres à des moments aléatoires. C’est ce souvenir qu’il chérit plus que les autres alors même qu’il fut inconscient le moment où la jeune femme perdit la vie. Elle ne devrait pas se tenir debout, elle devrait être à sa place : six pieds sous terre. Pourtant, cette colère s’accompagne d’une véritable joie. Comment ne pas être heureux en sachant l’effroi que devait ressentir cette pauvre Gwen à sa simple vue. Il s’en réjouissait, à jamais, Harry Osborn aurait une place dans l’esprit de cette victime innocente.

« Gwen… »

Il lui fallut beaucoup de self control pour ne laisser ses lèvres s’étendent de manière indécente. A la place, il abhorra un visage contrit presque automatiquement. Il mimait une émotion que le Bouffon Vert n’avait jamais ressenti. Bien que des envies de railleries, de persécutions, le démangeait, il les gardait au plus profond de lui. Harry doit toujours garder le contrôle. Et montrer sa vraie nature à sa victime ne lui causerait que des problèmes. Si elle était présente en ville, peut-être qu’une araignée l’avait suivi.

« Je suis… sincèrement… »

Son regard était fuyant, ses mots peinaient à sortir de sa bouche. Un bel acte de comédie ! Il voulait rire, la regarder droit dans les yeux alors qu’il rappellerait de manières cyniques les derniers instants de sa vie.

Dans ce lieu de commémoration se trouvait une victime. Une pauvre femme dont la vie fut abjectement retirée par une personne infame. Cet être, la regardait et pourtant ne ressentait pas une once de remord. Au contraire, une certaine fierté s’installait dans son esprit. Il ne le montrait pas. Bien trop concentré pour cela. Ses zygomatiques devaient montrer des émotions à l’opposé total de ce qu’il ressentait véritablement. De la contrition, des remords, de la repentance, voilà ce que le Bouffon Vert mimait. Il plongeait dans les souvenirs d’Harry Osborn, c’était le meilleur moyen pour cet esprit malade d’exprimer ces émotions qu’ils n’avaient jamais éprouvé.

« Pourtant, je le suis, je… »

Absolument pas ! Il mentait encore et encore étouffant les gens avec ses boniments. Le pire c’est qu’il ne sourcillait pas. Son ton était toujours aussi contrit. Un observateur extérieur pourrait véritablement croire en ses salades. Le Bouffon Vert ne connaissait véritablement pas la honte. La seule chose qu’il savait, c’est qu’il se devait de garder les apparences pour son propre bien. Celui de Gwen Stacy ne l’avait pas importé à l’époque et ce n’était toujours pas le cas aujourd’hui. Ses yeux se concentrèrent partout mais évitaient ceux de la blonde. Il remarqua d’ailleurs un livre à proximité de son interlocutrice. Un tel ouvrage était souvent lu par des étudiants. Gwen avait donc certainement reprise ses études, à l’université de Colombia, cela faisait aucun doute. Voilà une information qui pourrait lui être utile. Il la conserverait précieusement dans un des tiroirs mentaux de son esprit.

« Je sais qu’aucuns mots ne pourront jamais excuser ce que j’ai fait. J’aurais dû écouter Peter… Ce sérum… Il a fait de moi quelqu’un que je n’étais pas. Je… Qu’importe les substances qui empoisonnaient mon esprit ! Je reste responsable de mes actes… »

Il n’y a pas donc que des mensonges qui sortaient de cette bouche. Oui, ce sérum a changé Harry Osborn. Certains diront même qu’il a tué. Tant que ce poison coulait dans ses veines, il n’y avait que le Bouffon Vert qui régnait. Et aujourd’hui encore, ce satané venin avait une place bien trop importante dans la vie du PDG d’Oscorp. Après tout, c’était ce qui permettait à cette pauvre carcasse de toujours tenir debout.

« Mais, je dois le dire de vive voix, je te le dois ! Je te présente mes excuses Gwen pour ce que je t’ai fait subir. »

Gwen était brillante. Son esprit affuté était redoutable et dangereux. Qu’ils étaient beaux les temps où ces connexions nerveuses étaient dépourvues d’électricité. Elle n’était pas dupe, du moins, pas entièrement. Elle posait des questions, de très bonnes, des légitimes et Harry devait y répondre. Néanmoins, si la jeune femme avait une belle tête pleine, le Bouffon Vert en avait une d’autant plus remplie. Se créant toujours des confrontations imaginaires, le PDG savait qu’il allait devoir parfaitement jongler. Obtenir le pardon de la blonde était une tâche ardue et impossible en cet instant. Toutefois, limiter son ressentiment était une épreuve que le jeune homme était bien déterminé à relever.

« Pour le moment, je suis le même traitement que mon père. Ce n’est pas très efficace mais ça a permis à Norman de rester en vie cinq années supplémentaires. Cinq ans de souffrance mais au moins il était en vie. »

Mensonge éhonté mais vous le savez déjà. Les dégâts que ce sérum avait fait sur Harry était irréversible. Ils ont accéléré sa dégénérescence cellulaire. Sans médication, il mourra bien plus rapidement que son père. Et puis, il y a cette autre vérité que je vais vous révéler. Jamais, au grand jamais, Le Bouffon Vert ne séparerait de ses fioles. Demain, il trouverait un remède, ce liquide circulerait encore dans son sang. Car si cette carcasse en avait besoin pour rester un tant soit peu à flot, Le Bouffon en avait également besoin pour être. Sans, il redevenait Harry Osborn, cet être faible et pathétique. Il ne voulait pas de cela, de cette fragilité qui ne devait caractériser un si grand homme. Il voulait être puissant, qu’importe le prix.

« Je continue mes recherches, avoir une entreprise experte aide. Mais… Je ne veux plus prendre ce sérum. Je ne peux plus, pas après ce que je t’ai fait. »

Vous voulez une autre vérité ? Si Harry Osborn était au commande, il n’aurait probablement jamais arrêté ce traitement qui s’amusait avec son esprit. Il était lâche, bien trop, sa propre mortalité le terrifie. La simple pensée de finir comme son père lui donne des hauts le cœur. Alors, Le Bouffon Vert n’avait pas besoin de se tracasser la tête. La peur s’emparait déjà de celle de Harry.  

« En prison, on m’a privé de ce sérum, ce fut à ce moment-là que l’on m’a mis sur le même traitement que mon père et j’ai décidé de rester dessus depuis. Je ne veux plus être cet homme. »

Harry avait réponse à tout. On pourrait croire que le jeune homme avait répété encore et encore dans son esprit cette conversation. S’attendant un jour à recroiser la route de Gwen Stacy. Pourtant, la vérité était tout autre. Le Bouffon Vert se haïssait de devoir improviser de la sorte. Il aurait dû avoir une base, un scénario déjà tout prêt au cas où une telle situation s’imposerait à lui. Pourtant, il n’était que surpris. Sa victime respirait le même air que lui, marchait dans des parcs pour se reposer, allait en cours, bref, elle était en vie. Bêtement, le PDG n’avait pas imaginé que la dure et unique règle de l’existence ne s’appliquerait point à la blonde. Il inventait donc au fur et à mesure des mensonges qui pour l’instant était convaincant. Le Bouffon savait que lui faire croire à réveil miracle à la suite de cette horrible crime qu’il avait commis ne fonctionnerait pas. Gwen était loin d’être naive. Il allait donc broder un autre mensonge. En prison, son sérum lui fut administrer. Les prisons américaines garantissent un bon traitement des blessés, surtout les plus fortunés.

« Oui j’étais déçu, en colère et je n’ai pas écouté Peter… Si tu savais comme je regrette… Je l’ai brisé, je t’ai brisé, car, je n’ai pas accepté la façon dont il désirait m’aider. »

Il se répétait pour prouver à la jeune femme qu’il était véritablement contrit. Que oui, il n’aurait jamais dû la pousser de ce toit. Il n’y pensait pas un mot bien entendu. Son seul regret ? Qu’il n’est pas fini le travail. Que sa victime vive toujours. D’être obligé de jouer cette mascarade. Cet univers était plein de surprise. Il les avait trainés ici n’est-ce pas ?

« Tu l’as revu ? »

Avait-il besoin de préciser l’identité de la personne dont il parlait. A part Peter Parker qui cela pouvait être d’autre. Bien entendu, Harry devait le savoir. Gwen est inoffensive mais son petit-ami est pourvu de bien plus de ressource. Spider-Man était un ennemi redoutable que le Bouffon Vert préférait loin de lui. Surtout qu’en sa présence, le psychopathe n’était pas certain qu’il puisse garder son calme.

Ses lèvres retinrent un sourire alors que Gwen lui avoua ne pas savoir si elle devait lui faire confiance. Il était amusé. La blonde ne devait lui accorder ni confiance ni pardon. Elle devrait courir fuir aussi loin que ses faibles jambes pouvaient l’emmener. Le Bouffon est et restera une psychopathe de première qui ne s’embarrassera jamais de quelconque remords. Sa survie ainsi que ses plans sont bien plus importants que la vie d’une pauvre étudiante. Harry avait donc enchainé les boniments de manière si convaincante, ayant toujours réponse à absolument tout. Il est doué, bien trop, il joue des émotions, mime le regret et la contrition. Pourtant, Gwen resta méfiante, cela ne put qu’amuser le PDG. Malgré tout, ses traits de visage étaient bien concentrés à montrer des sentiments qui lui étaient étrangers pour montrer sa véritable nature.

« J’imagine que justement, tu ne devrais pas. C’est à moi de te prouver par mes actes que tu peux véritablement me faire confiance. »

La blonde avait toujours été brillante, maline et pleine de ressource. Elle ne le croyait pas, ayant peut-être même percé le jeu du Bouffon Vert. Oui, ce n’était que des belles paroles pour l’endormir, pour que cette dernière le croit. Il ne pouvait pas la tuer une seconde fois. Les suspicions atterriront sur sa personne bien trop vite. Gwen pouvait s’estimer heureuse. Sa première mort lui accordait une sorte de totem d’immunité. Le PDG devait donc trouver un autre moyen et faire en sorte que la jeune femme baisse sa garde.

« Eh bien, a lui aussi je dois des excuses… »

Avec ces simples paroles Harry dut retenir une déglutition. Il appréhendait ce jour et vu la confirmation de Gwen, il arrivait plus tôt qu’il ne l’aurait désiré. S’excuser auprès de Peter, celui vers qui était diriger toute sa haine. Cette foutue araignée ne méritait que le malheur qui ferait abattre sur lui. Mais non, le Bouffon Vert allait devoir s’écraser, comme il le faisait actuellement face à sa première victime. Cette ville n’était peut-être pas la panacée qu’il espérait tant. Elle qui abritait dans de relique néfaste de son passé.

« Mais, il vaudrait mieux qu'on s'évite...»