t'étais là.
silencieuse, droite, invisible, tes prunelles fixant ce visage que tu ne connaissais que trop bien. par cœur était peut-être même un euphémisme puisque même aveugle, tu pourrais redessiner chaque trait de celui-ci à la perfection. chaque courbes, chaque rides, chaque nuances de couleur sur sa peau.
t'étais incapable de réaliser ce qui était en train d'arriver, ton cerveau refusant d'accepter cette information et pour cause, ta silhouette était toujours parfaitement fondue dans le décor de la chambre, imperceptile à l'oeil nu. ton cœur battait si fort qu'il semblait vouloir s'échapper de ta cage thoracique, les larmes continuaient silencieusement de couler tandis que tu restais incapable du moindre mouvement. à l'exception d'un, peut-être.
– reed ? tu demandes, tellement effrayée que tu murmures ce prénom dont tes lèvres étaient si habituée à s'étirer pour prononcer ces quatre lettres. comme un murmure se perdant dans cette pièce sombre, éclairée par la seule lueur de la pleine lune qui brillait de mille feu dehors. c'est d'ailleurs parce que ce faisseaux là s'était posé sur ce visage que tu avais pu réaliser ce qui était en train d'arriver et depuis, le temps semblait s'être arrêté.
pour comprendre, il suffisait de remonter à quelques minutes seulement. seule, enfermée dans la pénombre de cette chambre d'hôtel que tu occuperais ce week end. tu avais toujours eu la fâcheuse tendance de travailler tard quand tu étais à new york, tellement que tu finissais souvent par tomber de fatigue et par réussir à fermer l'heure quatre, cinq heures tout au plus. mais en étant en déplacement professionnel, loin de ton bureau, loin de tes recherches, c'était difficile. Il avait fallut t'occuper, alors à peine pieds posé dans cette chambre d'hôtel tu étais aller visiter la ville, divine avec ses quelques monuments. tu mentirais si tu disais que tu ne l'as connaissais pas un minimum car pour tout dire, tu l'avais déjà visité plus d'une fois. pour tout dire, ta présence à washington n'était pas prévue à l'origine : ton collègue aurait dû se rendre à ce séminaire scientifique, au même titre qu'une personne de chaque département de recherches de chez oscorp pour pouvoir représenter la compagnie. mais étant tombé malade à la dernière minute, ils avaient fait toute les modifications pour t'envoyer toi. quitter new york ? tu n'étais pas spécialement fan de cette idée, pour tout dire tu serais resté dans cette même routine dans laquelle tu t'enfermais tu ne t'en serais pas plaint. seulement, tu n'avais pas eu le choix.
tu mettais un poing d'honneur à garder ton nom d'épouse, même si aujourd'hui, cette bague ne valait plus rien. seulement dans l'empressement, les informations n'étaient pas passé au sein de l'hôtel et c'est ainsi qu'une chambre avait été libérée puisque son nom à lui n'avait été que le seul gardé. un malentendu malheureux qui aurait pu mener à une situation complexe mais qui menait en fait à cette situation spécifique.
tu venais de passer par toute les émotions tandis que tu avais cru pendant quelques secondes que quelqu'un tentait de pénétrer ta chambre, et alors que la porte s'ouvrait, ta silhouette disparaissait comme pour te protéger. et là, il était apparu. comme si tes rêves se réalisaient, comme si tes pleures et tes supplications avaient été entendues. ton mari, dont tu niais le décès, t'enfonçant un peu plus dans ta désillusion éternelle était là, devant toi, et il semblait particulièrement confus quant à la valise déjà présente et le lit déjà défait.
l'hôtel avait fait une erreur qui aurait pû être complexe, et pourtant, le hasard avait fait que vous aviez été mis dans la même chambre, simplement car ton nom de jeune fille, accroché à celui d'épouse n'avait pas été communiqué.
un simple quiproco qui venait retirer toute la peine que tu portais telle un fardeau depuis des mois.
tu réalises qu'après avoir murmuré son prénom ; tu ne t'es toujours pas révéle. t'es presque hésitante, ne voulant pas qu'il te voit comme ça, dans cet état. et si, en vue du multivers, il avait déjà sa propre susan. et si il n'avait pas vraiment besoin de toi, dans l'fond ? Et si tu te faisais rejeter de la pire manière qu'il soit ? ton mari, l'homme qui te connaissait plus que quiconque, qui avait sécher tes larmes, qui t'avais simplement tenu contre lui pour t'amener du canapé au lit quand tu t'endormais lamentablement dedans, qui t'avais porté quand tes talons étaient trop douloureux pour que tes pieds ne soient pas à même le sol, qui t'offrait cette épaule sur laquelle t'endormir. c'était probablement ridicule d'avoir peur comme ça, surtout quand tu connaissais son odeur par cœur, quand la pulpe de tes doigts avaient redessiner chaque courbes de ses muscles un nombre incalculable de fois, quand le simple fait de le savoir là, à côté de toi, t'avait permise de t'endormir plus d'une fois. parfois, la chaleur écrasante de new york vous empêchant de vous coller l'un à l'autre, mais le simple fait d'effleurer sa peau avec ta main était suffisant pour te rassurer et t'aider à dormir. parce qu'il avait été là.
et là, il l'était encore. mais l'inquiétude t'avais presque fait hésiter pendant un court instant.
pourtant, doucement, tu finis par te révéler, laissant cette peau parfaitement transparante retrouver sa coloration beige initiale. tes prunelles bleutées brillant à cause des larmes tandis que le mascara mal retiré avait laissé quelques vestiges sur tes joues. de la manière la plus délicate qu'il soit, tu redresses ton bras, comme pour essayer de l'atteindre et pourtant, t'étais terrifiée, sentant tes tripes t'empêchant d'avancer comme si tes pieds étaient retenus par une force invisible qui t'empêchaient d'avancer.
– is that.. ? t'es incapable de finir ta phrase.
pourtant, t'as besoin d'une réponse susan. t'as besoin de savoir, alors prise d'une soudaine détermination tu réussis à battre tes démons invisible, tes craintes quelconques et tu réussis à combler la distance entre vous. tu restes à quelques malheureux centimètres tandis que ta main vient doucement se poser contre sa joue, ton cœur battant si fort que tu pourrais presque le vomir. et la simple sensation de son visage contre tes doigts font naître un frisson dans la totalité de ton corps tandis que ton autre main vient se poser sur tes lèvres, réalisant alors que c'était lui. il était là, devant toi.
– reed, i … toujours en recherche de tes mots, tu sais pas comment réagir parce que cet instant tu l'avais tellement attendu, tu l'avais tellement espérer, t'enfermant dans ta propre désillusion qu'il t'avait abandonné. et finalement, tu viens, de la manière la plus délicate qu'il soit, te coller contre lui, enroulant tes bras autour de sa taille savourant ce contact des plus précieux.
– i always knew you would come back to me. tu termines finalement, t'accrochant à lui comme si ta propre vie en dépendait.
il était là. c'était lui. son parfum, le rythme de sa respiration, la sensation de son corps contre le tiens. tu avais espéré, tu avais souhaité, et ton désir le plus fort était finalement devenu réalité. Tu retrouvais ton mari qui, tu avais toujours plus ou moins su – ou du moins, tu t'étais persuadé pour ne pas sombrer dans une sévère dépression – qu'il reviendrait. doux mensonge qui rendait la réalité moins douloureuse, ignorant volontairement que de là où tu venais, une pierre tombale à son nom avait fini par se dresser.
et pourtant malgré tout, il était là. juste là. contre toi.
tu ne le laisserais plus jamais partir.
jamais.
(c) mars.
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