I may be not a vigilante, but I still watch ○ Ft. Matthew Murdock

▬ Bienvenue au Little Collins, où la nourriture est aussi fraîche que notre café est délicieux. Je suis Morgan, que puis-je vous servir ?

Le sourire est large et sincère. Le discours est rodé, connu par cœur et répété pour la énième fois. La posture est professionnelle, calepin en main et stylo prêt à noter ce qui doit l'être. Pour le moment, il y a très peu de monde dans le café : une jeune femme installée dans un coin du café et à moitié cachée derrière son ordinateur portable, trois adolescents ayant visiblement préféré sécher les cours pour venir manger un bout - ayant toi-même bien des fois séché les cours, ce n'est certainement pas toi qui irais le leur reprocher - et le petit groupe de sexagénaires installé à la table devant toi et dont tu t'occupes présentement. Tu n'as besoin que d'un instant pour noter leurs commandes avant de retourner derrière le comptoir pour préparer leurs boissons avec rapidité et efficacité. Une fois leur attention pleinement accaparée par leurs boissons respectives, le café retombe dans une appréciable tranquillité à peine troublée par le discret tapotement de la cliente installée dans le coin sur son ordinateur portable.

Installée derrière le comptoir, tu ne peux pas t'empêcher de sourire. S'il y a bien une chose que tu adores, ce sont les matinées comme ça. Les matinées où tu peux prendre le temps de faire les choses. Où tu n'as pas besoin de courir d'un bout à l'autre du café. Où tu peux juste savourer le calme et la sérénité. Les heures passent, les clients arrivent puis repartent une fois leur boisson ou leur petit encas consommé, puis te voilà à la fin de ton service. Désormais libre d'occuper le reste de ta journée comme bon te semble. Et ça tombe bien : tu sais exactement quoi faire. Un repas pris sur le pouce avant de quitter ton lieu de travail, une séance de cinéma suivie d'une longue virée shopping - raisonnable cela dit, tu restes parfaitement consciente que tes moyens financiers dans ce monde ne sont plus aussi importants que dans ton monde d'origine - puis d'un détour chez toi pour déposer tes affaires de boulot ainsi que tes achats. Mais n'ayant pas encore envie de t'enfermer dans ton appartement, tu retrouves bien vite l'agitation des rues new-yorkaises.

Et quel meilleur endroit pour prendre toute la mesure de la vie animant New-York que Times Square même ? Installée tout en haut des red stairs, tu laisses ton regard errer un peu partout. En vue du cahier à dessin sur tes genoux, il serait si aisé de penser que tu passes simplement un peu de temps à crayonner la moindre chose te semblant un tant soit peu digne d'intérêt. C'est le cas bien sûr, mais tu es surtout en train de veiller. Un super vilain se trouvant des envies de domination du monde étant toujours possible, il t'arrive très souvent d'errer dans les lieux publics de la ville. Le plus souvent en étant juste Morgan et très rarement en armure, étant donné que tu n'as pas vraiment envie d'attirer l'attention de quiconque. Juste au cas où. Tu sais que tu ne seras jamais à la hauteur de ton père ou des autres Avengers du temps où ceux-ci étaient encore en activité, mais même coincée dans une autre réalité, tu ne peux pas oublier que tu as les moyens d'agir si nécessaire.

Le crayon parcourt le papier, esquissant sur celui-ci la vue s'étendant devant toi. Si un oeil entraîné trouverait tes traits grossiers, ton dessin ne manque pas de détails sur les immeubles recouverts d'écrans publicitaires géants faisant la promotion de la dernière comédie musicale incontournable du moment ou du prochain film à être diffusé dans les salles obscures longeant la place, des voitures passant d'un côté et de l'autre de la rue, sans oublier les passants. Toute cette multitude d'inconnus vaquant à leurs occupations respectives, qui bavardant joyeusement tout en savourant un hot-dog acheté au coin de la rue, qui profitant d'une petite pause fort bienvenue avant de reprendre le cours d'une journée shopping des plus agréables... Le crayon parcourt le papier, esquissant sur celui-ci de simples silhouettes sans visage. Et tout en donnant lentement vie à ton oeuvre, tu fredonnes doucement. Un peu de tout, tout ce qui te passe par la tête.

Tu tournes la page. Une page blanche, la liberté de laisser ton imagination s'exprimer librement, sans devoir lui imposer le carcan d'une réalité déjà toute faite. Tout comme tu n'as jamais eu la prétention d'être la prochaine Iron Woman, tu n'as jamais eu la prétention d'être une grande dessinatrice. Seul t'importait de pouvoir t'accorder quelques instants, aussi brefs soient-ils, de détente. De te vider la tête, de souffler un peu. De pouvoir t'accorder des moments qui n'étaient qu'à toi. Un instant, tu es là. Installée sur ces marches, dessinant et fredonnant pour toi-même, jusqu'à en oublier tout ce qui t'entoure. Puis l'instant d'après, ce moment d'inspiration et de sérénité vole en éclats. Tournant au véritable cauchemar, où tout n'est plus que hurlements à glacer le sang et fuite éperdue dans toutes les directions pour fuir le danger, incarné par un groupe d'individus masqués maniant des lames bien trop acérées pour être factices. Ces hommes savent ce qu'ils font, c'est bien la seule chose que tu es capable de penser avant de te recroqueviller instinctivement en voyant s'agiter tout près de toi. Bien trop proche de toi.

- Courez loin d'ici !

Tu accordes à peine un regard à ton sauveteur, notant à peine les teintes sombres de sa tenue, avant d'obéir sans la moindre protestation, abandonnant toutes tes affaires sur place. Si cet homme n'avait pas été là pour t'avertir... Tout en dévalant à toute vitesse les marches écarlates, tu ne peux pas t'empêcher d'être bien plus frustrée et en colère que réellement effrayée. Frustrée et en colère contre toi, uniquement toi. Tu n'arrives pas à croire que tu ai pu faire preuve d'une telle inconscience, d'une telle stupidité car si cet homme n'avait pas été là, et ce au bon moment... Tu serais morte. C'est aussi simple que ça, ton inattention t'aurait coûté la vie. Tu te stoppes dans ta course, jetant un dernier regard autour de toi pour t'assurer qu'aucun autre homme masqué ne soit trop proche de toi. Esayant de faire abstraction des hurlements et de la panique ambiante. Tu ne peux pas t'enfuir, et certainement pas comme ça ! Ta main vient accrocher le bracelet ceignant ton poignet : non seulement, tu ne peux pas fuir, mais tu ne peux pas non plus laisser ton sauveteur du jour affronter tout seul cette menace.

Un frisson te parcourt la colonne vertébrale, et tu tournes lentement la tête. A une vingtaine de mètres à peine, l'un des hommes est immobile. Le regard fixé droit sur toi. Et tu n'as pas d'autres choix que de fuir à nouveau, l'entendant te poursuivre. Tu ne sais pas où aller, mais tu sais comment l'arrêter. Tout en courant, tu actives ton bracelet. Presque immédiatement, tu sens les nanites s'activer, recouvrir en un temps record ta main ainsi que ton poignet. Dans ton dos, ton poursuivant gagne du terrain alors tu fais la seule chose te passant à l'esprit : te jeter à terre tout en décochant vers lui un trait d'énergie suffisamment fort pour l'assommer pendant quelques temps. Puis tu te relèves, faisant un tour sur toi-même pour chercher les autres individus masqués. Un petit groupe semblait déjà converger vers ton sauveteur, lui-même masqué. Tu hésites, quelques brèves secondes, avant de te remettre à courir. Tu n'as pas le temps de déployer l'armure complète, alors tu feras sans. Daredevil - tu le reconnais maintenant - semble amplement capable de se débrouiller face à ses attaquants, alors il est sans doutes préférable que tu essayes de stopper les autres. Tu dois essayer.